Oppidum-Râ
Wlad SIMITCH
Sara e Kali, Sara la Noire. Fugitivement reine, épouse répudiée d’Hérode le Cruel, païenne convertie au christianisme, elle aurait dérivé depuis les rives brûlantes de la Haute-Égypte jusqu’aux terres sauvages d’Oppidum-Râ, aux Saintes-Maries-de-la-Mer.
Le peuple Gitan ne l’a pas accueillie comme une étrangère, mais comme une évidence. Son mystère a ensorcelé les âmes, sa présence a troublé les cœurs. Ils l’ont choisie, adoptée, élevée au rang de sainte patronne. Son culte naît en Camargue au XIXe siècle et, porté par les Bohémiens, se perpétue à travers un rite puissant : Sara retourne aux eaux qui l’ont jadis portée. Cette immersion sacrée est bien plus qu’un hommage—elle est conjuration, appel, une danse secrète pour apaiser la Méditerranée et dissiper le sortilège des tempêtes. Sara est la sainte des âmes blessées, des égarés et des suppliciés. Elle écoute les prières murmurées dans la nuit, recueille les vœux confiés au vent. Un fil invisible, profond et insondable, relie ses fidèles à son mystère. C’est cette sacralité voilée, ce frisson d’infini, que j’ai cherché à saisir—dans la lumière des visages, dans la ferveur des gestes, dans la dévotion de celles et ceux qui, encore et toujours, vénèrent Sara e Kali.
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